Hommes politiques

Découvrez ci-dessous une galerie de personnages célèbres haïtiens.

Toussaint LOUVERTURE

1743-1803

Toussaint Louverture est né le 20 Mai 1743, et serait descendant d’un roi du Bénin dont la tribu fut déportée sur l’île de Saint-Domingue pour travailler dans les plantations de café et de sucre. Il travaille comme gardien de bétail et est l’affranchit en 1776 : libre, il devient maître de biens et d’esclaves.

Toussaint acquiert alors un patrimoine grâce à la culture du café, dont Haïti est le premier fournisseur mondial. En 1789, lorsque la révolution française éclate, ses idées se répandent jusque dans les colonies des Caraïbes. En août 1791, le signal de l’insurrection contre la tutelle française est donné par Toussaint Louverture qui est alors à la tête d’une troupe de 2.000 hommes. Il forme une alliance avec des troupes espagnoles alors en conflit avec la France.

Après la proclamation de l’abolition de l’esclavage en France et dans toutes ses colonies, et suite à quelques problèmes avec le gouvernement espagnol, Toussaint Louverture se rallie à la France. Il a maintenant 4.000 hommes sous ses ordres et contrôle un vaste territoire. Il est nommé Général en chef de l’armée de Saint-Domingue en 1797, titre avec lequel il commence progressivement à installer un « Pouvoir Noir ».

En 1801, il s’octroie le titre de gouverneur général à vie ce qui déplait fortement à Bonaparte qui organise une expédition militaire sur l’île en février 1802. Après avoir repoussé les troupes noires, le général français Leclerc fait arrêter Toussaint, le 7 Juin 1802 sur ordre de Bonaparte. Le premier Consul ordonne la déportation de Toussaint Louverture en France et décide de l’incarcérer au Fort de Joux (Franche-Comté), lieu loin de la côte pour limiter le risque d’évasion. Il y arrive le 22 Août 1802 et tombe rapidement malade, n’étant pas habitué à la rudesse du climat du Massif du Jura.

Il meurt le 7 Avril 1803. Malgré sa disparition, Toussaint Louverture est considéré comme le père de l’indépendance haïtienne.

Jean-Jacques DESSALINES

1758-1806

Originaire de Guinée, ses bases haïtiennes sont dans le Nord du pays, à Grand-Rivière-du-Nord (non loin du Cap Haïtien).

En 1791, il rejoint une révolte d’esclaves menée contre l’autorité française de Saint-Domingue (Haïti). A partir de 1797, il servit comme lieutenant dans les troupes de Toussaint Louverture, qui tentait de chasser les Français de l’île et d’y proclamer une république noire.

Toussaint Louverture parvint à ses fins en 1801, en devenant gouverneur général de la colonie, mais fut renversé lors d’une expédition conduite par le général Leclerc. Son chef arrêté, Dessalines dut se rendre lui aussi dernier aux troupes françaises.

Lorsque, en 1803, Napoléon annonça qu’il comptait rétablir l’esclavage, Dessalines et d’autres chefs noirs se révoltèrent de nouveau. Grâce à l’appui du Royaume-Uni, ils parvinrent à chasser les troupes françaises de Saint-Domingue suite à l’héroïque bataille de Vertières.

En janvier 1804, Dessalines proclama l’indépendance de la nouvelle République qu’il rebaptisa Haïti et se proclama gouverneur général à vie. Puis, en octobre de la même année, il se proclama empereur sous le nom de Jean-Jacques 1er. La brutalité de son régime lui valut des ennemis parmi ses propres partisans. Deux d’entre eux, Henri Christophe et Alexandre Sabès Pétion, lui tendirent une embuscade et l’assassinèrent près de Port-au-Prince.

Henri CHRISTOPHE

1767-1820

Est un homme militaire et dirigeant haïtien, ayant combattu lors de la Révolution américaine (1775-1783), la Révolution française(1789-1804) puis lors de la Révolution haïtienne (1791-1804), sous les ordres du général Toussaint Louverture.

À partir du soulèvement des esclaves de 1791, il a accédé au pouvoir dans les rangs de l’armée révolutionnaire haïtienne.

La révolution réussit à obtenir, en 1804, l’indépendance vis-à-vis de la France. Lors de l’expédition française de Saint-Domingue, il s’associe aux forces du général Jean-Jacques Dessalines, et participe à la défaite finale de la France.

Après la déclaration d’indépendance et la proclamation du Premier Empire, Christophe est promu général en chef et prête serment à Dessalines, désormais empereur sous le nom de Jacques Ier. En 1805, il participe sous le commandement de Dessalines à la capture de Saint-Domingue (l’actuelle République dominicaine), contre les forces françaises qui avaient acquis la colonie d’Espagne dans le Traité de Bâle. Après l’assassinat de Dessalines en 1806, Christophe se retira dans la Plaine-du-Nord et créa un gouvernement séparé de celui du général Alexandre Pétion, installé dans le Sud. Auto-proclamé président de la République, il devient le 17 février 1807, président et généralissime des forces de terre et de mer de l’État d’Haïti du NordN. De son côté, Pétion est élu président de la République du Sud. Le 26 mars 1811, Christophe, qui veut légitimer son pouvoir comme l’avait fait Dessalines avant, établi une certaine stabilité, instaure une monarchie constitutionnelle et se proclame Roi d’Haïti sous le nom d’Henri Ier.

Dans le langage courant, il est plus simplement appelé le « roi Christophe ». Premier roi de l’histoire haïtienne, il met en place une société stable suivant le modèle de la restauration en France. Il établit une nouvelle noblesse et confisque les privilèges de l’ancienne noblesse impériale2. En conflit contre le régime républicain de Pétion, il mène une guerre dévastatrice qui durera de la chute de l’Empire jusqu’à la chute de la monarchie, de 1807 à 1820. Dans le cadre de sa politique de Corvée, ou de travail forcé, le Royaume tirent ses revenus de la production agricole, principalement le sucre. Pour se protéger de la marine française, le roi conclu un accord avec le Royaume-Uni pour le respect de ses colonies des Caraïbes.

Malade et impopulaire à la fin de son règne, le roi se donne la mort le 8 octobre 1820 au début de la Révolution nordiste. Il est enterré près de son palais Sans Souci. Quelques jours plus-tard, son fils et héritier, Henri II est assassiné par des insurgés. Le général sudiste Jean-Pierre Boyer, successeur de Pétion, profite de cette occasion pour envahir le Nord et réunifié Haïti puis toute l’île d’Hispaniola

Jean-Pierre BOYER

1776-1850

Mulâtre libre né d’un colon provençal et d’une femme noire originaire de Guinée, Boyer accueillit avec reconnaissance le décret de la suppression de l’esclavage dans les colonies françaises de. Il seconda d’abord les commissaires de la République Sonthonax et Polverel qui avaient aboli unilatéralement l’esclavage à Saint-Domingue et entendaient restaurer l’autorité de la métropole dans la colonie en combattant avec eux contre les colons alliés aux Anglais.

Puis, il s’éleva contre l’autorité grandissante de Toussaint Louverture qui s’était progressivement émancipé des représentants de la métropole et se méfiait des mulâtres. Il participa à la guerre civile de 1799-1800 au côté du général mulâtre André Rigaud contre les noirs de Toussaint Louverture. Après la victoire de ce dernier, il se réfugia en métropole avant de faire partie de l’expédition navale française du Général  Leclerc en 1802 aux côtés de Pétion.

Après la proclamation de l’indépendance d’Haïti, le 1er janvier 1804, il soutint Alexandre Pétion qui le prit d’abord pour secrétaire, et l’éleva rapidement aux grades de colonel, puis de général. En 1806, il aida Pétion à renverser Jean-Jacques Dessalines, puis à résister à Henri Christophe.

À la mort de Pétion en 1818, il fut reconnu Président par acclamation. Dès la mort du roi Henri Christophe en 1820, il rattacha le nord du territoire. En 1822, il envahit la partie espagnole de l’île et réunit sous sa domination l’île entière. En 1825, le roi de France Charles X accepta de reconnaître l’indépendance de la République d’Haïti moyennant une indemnité de 150 millions de francs-or. Pour honorer cette dette, il dut instaurer de lourds impôts restaura la corvée.

Il gouverna pendant 25 ans et porta la République à un degré respectable de prospérité, mais ses mesures suscitèrent une hostilité populaire. Voyant l’insurrection près de triompher, il se démit de la présidence en 1843 et se retira à la Jamaïque, puis en France où il termina ses jours. Dans sa lettre de démission, il écrivit : « En me soumettant à un exil volontaire, j’espère détruire tout prétexte d’une guerre civile causée par mon moyen ».

Élu président de la République le jour suivant la mort de Pétion, il gouverna l’île d’Haïti pendant 25 ans, ce qui constitue jusqu’à ce jour le record de longévité de ce pays.

François DUVALIER

1907-1971

Né à Port-au-Prince d’une famille originaire de Martinique, il poursuit des études de médecine servant dans les régions rurales. Il y gagne l’estime des populations pour son aide à la lutte contre le typhus et autre maladies de l’extrême pauvreté. Il devient directeur général du service de la santé nationale en 1946 puis exerce les fonctions de ministre de la santé et du travail en 1949.

Après s’être opposé au coup d’État de Paul Magloire, il est poussé à l’exil jusqu’à l’amnistie de 1956. Revenu en Haïti, il est élu Président de la République en 1957 avec le soutien de l’armée et sur un programme populiste, utilisant une stratégie « pro-négritude » où « Noiriste » pour défier l’élite des mulâtres et faire appel à la majorité afro-haïtienne.

Surnommé « Papa Doc » par les bases haïtiennes, il échappe à un coup d’Etat en 1958. L’armée est alors purgée et la Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale (plus connue sous le nom de Tontons macoutes) est créée, son organisation s’inspirant des chemises noires de l’Italie fasciste. Ne touchant pas de salaires, les Tontons vivaient de l’extorsion et du crime organisé, et laisseront un douloureux souvenir dans les mémoires haïtiennes.

Son régime fut rapidement placé sous le signe du culte de la personnalité. En 1961, il réécrivit la constitution et organisa une élection à candidat unique : avec 1,32 millions de voix pour lui (et zéro contre), il fut réélu Président et se proclama Président à vie en 1964.

En 1966, il persuada le Vatican de le laisser nommer la hiérarchie catholique haïtienne. Perpétuant un nationalisme noir, cela lui permis également de renforcer son emprise sur l’île par le contrôle des institutions religieuses. Son régime fut également associé à une utilisation du vaudou pour assoir son pouvoir : il réanima les traditions du vaudou, prétendant être lui-même un hougan et utilisant de nombreux codes et rituels du vaudou pour affirmer son autorité.

Son un règne fut autoritaire empreint de corruption et marqué par l’utilisation de milices privées, les tontons macoutes. Malgré cela, le pays demeura stable et l’économie fut relativement placée sous de bons hospices, avec notamment la réalisation d’infrastructures importantes. Pendant tout l’exercice de son pouvoir (comme pour celui de son fils), il fut soutenu par le Etats-Unis (comme rempart du communisme) et par la France.

PETION

1770-1818

Né à Port-au-Prince d’une noire et d’un Français blanc, il est envoyé en France en 1788 pour étudier à l’Académie militaire à Paris.

De retour dans son île natale, il participe à la campagne d’expulsion des Britanniques (1798-1799) et prend le parti d’André Rigaud, chef des gens de couleur libres, contre Toussaint Louverture pendant la Guerre des Couteaux, qui commence en juin 1799. Dès novembre, alors que la faction mulâtre se trouve coincée à Jacmel, Pétion en prend la tête contre les assauts menés par les troupes de Jean-Jacques Dessalines. Mais Jacmel chute en mars 1800, et Pétion est contraint à l’exil en France.

En février 1802, il retourne à Saint-Domingue avec Jean Pierre Boyer, Rigaud, et une armée de 12.000 Français sous la commande du Général Leclerc. Suite à la trahison qui livre Toussaint aux Français, Pétion se rallie aux forces nationalistes en octobre 1802 et donne son soutien à Dessalines.

Alors que Haïti a déclaré son indépendance et que Dessalines en a pris la tête, Pétion est parmi ceux qui fomentent l’assassinat de l’Empereur en octobre 1806. Par la suite il revendique la démocratie libérale contre Henri Christophe ; Haïti se divise en deux États (Christophe au Nord, Pétion au Sud) et une guerre se poursuit jusqu’en 1810.

Reconnaissant l’aspiration des paysans (anciens esclaves) à être propriétaires, Pétion saisit les plantations en les faisant partager parmi ses partisans et le peuple. Cette action lui vaut jusqu’à aujourd’hui les louanges des pauvres comme Papa Bon-Kè (Papa Bon-Cœur). Cependant, l’économie haïtienne, fondée sur l’exportation du sucre et du café, se transforme en système autarcique et à l’agriculture en production de subsistance.

En 1815, Pétion donne asile à Simón Bolívar (chassé pour le moment du Venezuela) et lui donne les matériaux pour reprendre sa campagne de libération. Il stipule seulement que Bolívar fasse émanciper les esclaves de toutes les terres libérées. Se proclamant partisan de la démocratie constitutionnelle, Pétion supportera de moins en moins les contraintes imposées par le Sénat. Ainsi, en 1816 il se proclame président à vie ; en 1818 il suspend la législature mais mourra finalement la même année de la fièvre jaune. Son protégé Jean Pierre Boyer lui succède.

Jean-Claude DUVALIER

1951-2014

Né le 3 juillet 1951 à Port-au-Prince, il accède au pouvoir au décès de son père en avril 1971 et est surnommé « Bébé Doc » (en référence au surnom de son père, « Papa Doc »).

A 19 ans, il devenait ainsi le plus jeune chef d’Etat au monde et tenta d’instaurer dans les premières années de son règne une volonté de détente et d’apaisement, donnant quelques gages de bonne volonté démocratique.

Il rétablit les relations du pays avec les États-Unis et la République dominicaine ; son mandat voit la reprise de l’aide internationale à destination d’Haïti. Mais dès la fin des années 1970, il revient à des méthodes de gouvernement plus répressives, et bâillonne à nouveau la presse.

En 1985, sous les pressions de la communauté internationale, via la Constitution adoptée en cette même année, il institua le poste de premier ministre.

En février 1986, sa politique et les difficultés économiques du pays le forcent à prendre la fuite face à une insurrection populaire. Il s’établit en France, bien que n’ayant jamais reçu officiellement l’asile politique.

En 2004, il avait annoncé son intention de rentrer en Haïti et de s’y présenter à l’élection présidentielle; cette annonce était resté sans suite. Après le séisme de janvier 2010, il retourne en Haïti; il peut compter sur des anciens partisans de son régime qui lui sont restés fidèles. Toutefois, la justice de son pays engage plusieurs procédures à son encontre. La cour d’appel de Port-au-Prince confirme en février 2014 son inculpation pour « crimes contre l’humanité », considérant que ces faits sont imprescriptibles. Mais Jean-Claude Duvalier ne sera pas traduit devant les tribunaux d’Haïti puisqu’il succombe à une crise cardiaque le 04 octobre 2014.

René PREVAL

1943-2017

Né à Marmelade, fils d’un ancien ministre haïtien qui prit le chemin de l’exil en 1963 sous l’autoritarisme du pouvoir de François Duvalier, il accompagne son père en exil et obtint un diplôme d’agronomie en Belgique, avant de vivre quelques mois aux États-Unis.

A son retour au Pays, il décrocha un emploi à l’Institut National de Ressources Minières (1975—1977), et ouvrit peu après une boulangerie. C’est au début des années 1980 qu’il croisa un jeune prêtre salésien, Jean-Bertrand Aristide qui le séduit par sa verve et ses attaques subtiles contre le gouvernement de Duvalier. Il devint vite un ami et intime d’Aristide et intégra son mouvement Lavalas durant la campagne électorale de 1990 jouant un rôle d’éminence grise avant d’être nommé Premier Ministre d’Aristide en février 1991.

Aristide et Préval identifiés idéologiquement comme des « frères jumeaux », envisagèrent une transformation de la société et ne tardèrent pas à se créer des ennemis puissants, dont certains se retrouvèrent au sein du nouveau parlement. Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1991, Aristide fut victime d’un coup d’état et exilé. René Préval le suivit. Les Américains qui ne pouvaient oublier son passé de gauche, refusèrent de l’inclure dans les tractations devant conduire au retour du président déchu et il se contenta d’un rôle de conseiller lorsque le président Aristide fut restauré.

En 1995, sa candidature aux présidentielles sous la bannière de l’Organisation Politique Lavalas fut interprétée comme une candidature par procuration d’Aristide. Il fut élu avec 88% des voix, devenant ainsi le premier président élu à recevoir l’écharpe présidentielle d’un autre président élu. L’histoire se souviendra aussi de lui comme le seul président élu après un vote populaire, à terminer sans interruption son mandat. Son mandat fut marqué par la gestion de dossiers épineux dont le déploiement de la mission de paix, la question de l’armée d’Haïti, la privatisation et l’inexpérience de la nouvelle force de police. De plus les problèmes domestiques (misère, analphabétisme, chômage…) s’amplifient, tandis que des négociations avec la BID et le FMI conduisirent à une économie austère et à la privatisation de certains organismes d’Etat, conditions au déblocage de l’aide économique gelée depuis octobre 1995. La gestion de ce dossier consuma toutes les énergies et prolongea le pays dans une crise politique, avec l’absence d’un chef de gouvernement pendant près de vingt-un mois. Entre-temps, Préval renvoya le parlement (12 janvier 1999) dont le terme était arrivé à expiration, choisi un nouveau premier ministre en la personne de Jacques-Edouard Alexis (mars 1999) et organisa des élections parlementaires (21 mai 2000) dont les premiers résultats exacerbèrent la crise. Les élections présidentielles contestées de décembre 2000 virent le retour au pouvoir du frère jumeau, Jean-Bertrand Aristide. Préval se retira alors tout d’abord à Cuba et dans ses terres à Marmelade.

Candidat aux élections présidentielles de 2006 sous la bannière de la nouvelle organisation politique « Lespwa », il l’emporte avec 51,5% des votes. Lors du séisme de janvier 2010, alors Président en exercice, l’absence de nouvelles le concernant fit courir des rumeurs sur son décès. Il eut beaucoup de difficultés à organiser l’action des institutions haïtiennes après le tremblement de terre et vit son mandat prolonger tacitement le temps que le pays et les institutions internationales puissent organiser sa succession.

Son successeur désigné (Jude Célestin) se voit écarté de la course au pouvoir lors des élections mouvementées de 2010, en particulier sous la pression des Etats-Unis, plus favorables à l’arrivée au pouvoir du populaire Michel Martelly. René Préval prend alors du recul dans la vie publique. Son décès en 2017 suscite une grande émotion dans le pays. Depuis la création de la première république noire il y a plus de deux siècles, il est le seul président à avoir accompli deux mandats sans finir en prison, en exil ou assassiné.

Jean-Bertrand ARISTIDE

1953-

Etudiant séminariste devenu prêtre salésien, il fait son entrée sur la scène politique en 1985 comme prêtre engagé partisan de la théologie de la libération et adversaire résolu du président Jean-Claude Duvalier.

En mai 1986, les partisans d’Aristide prennent en otage des membres de l’École Nationale des Arts et Métiers et certains de ses supérieurs ecclésiastiques, suite à la décision de ces derniers de le réaffecter ailleurs. Sous la pression, ses supérieurs annulent alors leur décision. Mais une politisation de plus en plus marquée du prêtre devient incompatible avec son apostolat aux yeux de ses supérieurs, en particulier la nonciature apostolique. Sur ordre du Vatican, ceux-ci décident de l’exclure de la Congrégation des Salésiens à la fin de l’année 1988 en l’accusant de mettre l’Église au service de la politique et d’exalter la lutte de classe.

Cette expulsion lui permit de se présenter à l’élection présidentielle de 1990, sous la bannière du parti Lavalas, ce qui eu pour conséquence de rassembler une partie du peuple qui jusque-là, s’était montré peu intéressé aux élections. Aristide est élu président d’Haïti le 16 décembre 1990, à l’issue d’une élection marquée par les menaces et les violences des partisans. Sa prestation de serment a lieu le 7 février 1991 et les premiers mois de son mandat, il essaye purger l’armée, l’administration publique et de réduire les actes de banditisme. Quelques mois après son accession au pouvoir, il est contraint à l’exil au Venezuela puis aux Etats-Unis  suite au coup d’État du 30 septembre 1991 mené par le général Raoul Cédras.

Pendant son exil, Jean Bertrand Aristide réussit à convaincre l’administration Clinton et les organismes internationaux à ne reconnaître que son gouvernement en exil et à instaurer un embargo contre son pays. Le soutien de ses partisans de l’intérieur et de l’extérieur, et la sympathie des congressistes noirs des États-Unis finissent par pousser les Américains à le rétablir dans ses fonctions, après avoir poussé Cédras à laisser le pouvoir.

Le 15 octobre 1994, protégé par 22.000 soldats américains sous mandat de l’ONU, Aristide revient en Haïti après un exil de trois ans. Lors de ses derniers dix-huit mois au pouvoir, il supprime les Forces Armées d’Haïti et crée une force de police nationale. Les élections du 15 décembre 1995 consacrent la victoire de son poulain René Préval, son ancien premier ministre.

Devenu simple citoyen le 7 février 1996, Aristide mène une vie discrète préférant garder une influence dans les coulisses. Il épouse en 1996, Mildred Trouillot, une citoyenne américaine née de parents Haïtiens qui lui donne deux filles. Il crée la Fondation Aristide pour la Démocratie, une sorte de centre de réflexion sur la politique et un laboratoire d’économie sociale. Sa villa à Tabarre devient un lieu de rendez-vous et de passage obligé des dignitaires visitant ou en mission en Haïti.

Pour préparer son retour au pouvoir, il fonde un parti politique dénommé Pati Fanmi Lavalas en 1996. Devant ces velléités, certains ténors du mouvement Lavalas des premières heures refusent d’emboiter le pas et se constituent en opposition. Les candidats de son parti sortent victorieux des élections du 21 mai 2000 ; élections décriées par les opposants et certaines organisations internationales comme une massive fraude en faveur des lavalassiens. La Convergence Démocratique, née du refus d’accepter le résultat des élections du 21 mai, ignore les partielles de repêchage et boycotte la présidentielle du 26 novembre 2000. Jean Bertrand Aristide est élu président pour la deuxième fois.

Il prend ses fonctions le 7 février 2001 dans une atmosphère de crise politique. Pendants les plusieurs mois, la crise s’enlise : embargo non-déclaré, violence de certains partisans d’Aristide (les chimères), corruption massive du gouvernement, émergence du groupe des 184 dirigé par l’haïtiano-américain d’origine libanaise André Apaid, meurtres dans des circonstances obscures du journaliste Jean Dominique et d’Amiot Métayer (ancien partisan et évadé de prison dont la tête a été réclamée par la communauté internationale).

Le mécontentement populaire se traduit de façon surprenante par la prise de certaines villes du Nord par les partisans des quartiers populaires des Gonaïves (l’Armée cannibale) constitués désormais en Front de résistance révolutionnaire aidés des anciens membres des Forces Armées. Le groupe des 184 (issue majoritairement de la société civile) change les données politiques et arrive même à éclipser l’opposition traditionnelle regroupée au sein de la Convergence. Avec ses grands moyens financiers, ses connaissances du lobbying international et des sympathies dans certaines ambassades à Port-au-Prince, les décideurs internationaux (particulièrement les Etats-Unis, le Canada et la France) finissent par agir contre Aristide. Dans des circonstances peu claires, le président Aristide est contraint à la démission le 29 février 2004 et s’enfuit à la Jamaïque, puis Centrafrique avant de s’installer en Afrique du Sud.

Le 3 novembre 2005, une plainte est déposée par le gouvernement haïtien contre l’ancien président Jean-Bertrand Aristide et sept autres anciens ministres et hauts fonctionnaires. Il est accusé par les partis d’opposition d’avoir volé à l’État des dizaines de millions de dollars au profit de sa famille et de ses proches, d’avoir participé au trafic de drogue et à l’instauration d’un climat de violence, notamment par le soutien aux bandes armées Chimères. Après le séisme de 2010, il retourne en Haïti.

Joseph Michel MARTELLY

1961 –

Né le 12 février 1961 à Port-au-Prince, surnommé Sweet Micky (« Micky le doux » en français) ou Tet Kalé (« Crâne rasé » en créole), est un musicien, compositeur haïtien, et président de la République depuis le 14 mai 2011.

Michel Martelly démarre comme musicien de kompa et se produit aux quatre coins d’Haïti, développant ainsi une notoriété nationale. Il réside également à Miami en Floride où il vit de sa musique et s’implique déjà dans la politique de son pays en affichant des liens avec les partisans du coup d’État de 1991 en Haïti.

Michel Martelly annonce en juillet 2010 sa candidature à l’élection présidentielle. Il est soutenu par Wyclef Jean durant sa campagne électorale, qu’il effectue sous l’étiquette du parti « Repons peyizan » (« La réponse des paysans », en créole), dont il est à l’origine.

Le 21 avril 2011, le Conseil électoral provisoire le déclare officiellement vainqueur du second tour de scrutin, qui s’est tenu le 20 mars précédent, avec 67,57 % des voix face à Mirlande Manigat. Son investiture a lieu le 14 mai 2011.

Michel Martelly, après avoir échoué à obtenir l’investiture de Daniel-Gérard Rouzier puis de Bernard Gousse, il nomme le 18 octobre 2011 un nouveau gouvernement sous l’autorité du Premier ministre Garry Conille, médecin et fonctionnaire de l’ONU âgé de 45 ans.

Gary Conille démissionne le 24 février 2012, et remplacé par le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Laurent Lamothe, le 14 mai 2012.

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Jovenel MOÏSE

1968-

Né dans le Nord du pays, il a construit son image comme étant un « agriculteur qui a réussi ». Il dispose de plantations de bananes dans le Nord du pays, il se surnomme Neg Banann mais l’origine des fonds pour ses cultures sont source de polémique.

Membre puis dirigeant du Parti Haïtien Tet Kale qui supporte la présidence de Michel Martelly, il est à son tour élu à la présidence dans un flou et des actions de violence lors du déroulement du scrutin. S’il a été élu avec 54% des voix, le taux de participation à cette élection était seulement de 21%.