Histoire d’Haïti

DE LA DECOUVERTE A L’ESCLAVAGE

1492 : Christophe COLOMB découvre l’île d’Hispaniola, originellement peuplée d’indiens Arawaks L’Espagne colonise l’Est de l’île, notamment par l’intermédiaire d’un établissement confié à des pères dominicains. En moins de 50 ans, la population indigène, constituée d’environ 100.000 indiens, est exterminée par les maladies et les mauvais traitements

1517 : Autorisation de la traite des Africains par Charles Quint
1659 : les Français commencent à coloniser la partie occidentale de l’île

1685 : Promulgation du Code Noir par Louis XIV

1697 : les traités de Ryswick reconnaissent à la France la possession de la partie occidentale de l’île (et la partie orientale à l’Espagne). Le travail des dizaines de milliers d’esclaves importés d’Afrique donne une grande prospérité aux plantations (canne à sucre, café, coton…) et fait de Saint-Domingue la « perle des Antilles »

 

DE L’ESCLAVAGE A L’INDEPENDANCE

1791 : après plusieurs révoltes (au cours du XVIIIème siècle) et la diffusion des idées de la Révolution française, une insurrection est menée par Toussaint Louverture débute le 14 août.

1793 : sous la pression des esclaves, l’abolition de l’esclavage est proclamée par Santhonax et Polverel (représentants français de la Convention) le 27 août.

1794 : la Convention décide de l’abolition générale de l’esclavage.

1798 : les troupes françaises menées par Toussaint Louverture prennent possession de Santo Domingo : l’île est réunifiée.

1801 : Toussaint Louverture promulgue une constitution propre à Saint-Domingue.

1802 : La paix d’Amiens est signée avec l’Angleterre. Bonaparte rétablit l’esclavage et envoie un corps expéditionnaire (conduit par le général Leclerc) pour rétablir l’ordre colonial. Toussaint Louverture est fait prisonnier (puis déporté en France où il meurt l’année suivante).

1803 : les combattants haïtiens remportent la bataille de Vertières le 18 novembre, face aux troupes napoléoniennes menées par Rochambeau. Cette victoire conduit à la capitulation française.

1804 : Dessalines proclame l’indépendance du pays le 1er janvier qui reprend son nom indien : « Haïti ». Puis Dessalines se fait désigner empereur sous le nom de Jacques 1er.

1807 : Haïti est divisée en 2 après une période de guerre civile : la partie Sud est une république sous la présidence de Pétion et la partie Nord devient un royaume dirigé par Henri Christophe.

1820 : le pays est réunifié sous la présidence de Jean-Pierre Boyer.

1826 : la France reconnaît l’indépendance d’Haïti, mais exigea en contrepartie le paiement d’une indemnité de 150 millions de francs-or. Le paiement de cette dette sera honoré par le pays pendant plus d’un siècle, engloutissant ¼ du budget national et ayant de fâcheuses conséquences pour le développement du pays et les relations entre les deux pays.

 

DE L’INDEPENDANCE A LA DICTATURE

1844 : sécession des Dominicains ; l’île est définitivement coupée en deux entités : Haïti et la République Dominicaine.

1915-34 : Haïti est occupée par les Etats-Unis après des décennies de révoltes et de dictatures. Ils mettent en place des présidents fantoches et un protectorat de fait, et exercent un contrôle économique et financier sur Haïti.

1957 : François Duvalier (dit « Papa Doc ») arrive au pouvoir le 22 septembre, après des élections truquées et avec l’appui de l’armée. Ce médecin à l’hôpital de Port-au-Prince et dirigeant d’une importante secte vaudoue, avait occupé à plusieurs reprises des postes ministériels. Convaincu d’être l’indispensable « chef des Noirs », il exploite la rancœur des masses populaires contre les notables métis. Il met en place une dictature et terrifie la population avec sa milice, les « tontons macoutes ». L’incapacité du gouvernement et la corruption généralisée conduisent à un effondrement du revenu national, aggravé par la disparition des investissements étrangers et des ressources du tourisme.

1964 : François Duvalier se proclame président à vie et accentue la terreur de sa dictature.

1971 : Jean-Claude Duvalier (« Baby Doc »), âgé de 19 ans, remplace son père à la présidence, suite à la mort de ce dernier. Il s’inscrit dans la lignée dictatoriale de son père, même s’il souhaite donner une meilleure image à son régime et ouvrir le pays aux investissements étrangers.

 

DE LA DICTATURE A AUJOURD’HUI

1986 : après un soulèvement populaire, « Baby Doc » s’enfuit du pouvoir le 7 février et se réfugie en France.

1988 : Leslie Manigat est porté au pouvoir suite aux élections organisées par l’armée (7 février). Son mandat à peine débuté, un coup d’État porte Henri Namphy (20 juin) au pouvoir, et un autre Prosper Avril (18 septembre )
1990 : après une période de forte instabilité politique (intérim d’Ertha Pascal-Trouillot), les élections présidentielles sont organisées de façon régulière en décembre. Elles voient la large victoire du Père Jean-Bertrand Aristide, le “ curé des bidonvilles ”.

1991 : un putsch mené par le général Raoul Cédras renverse le président Aristide. Aristide est contraint à l’exil aux Etats-Unis ; ceux-ci décrètent le blocus économique d’Haïti qui appauvrit encore plus le pays. Poussés par la misère, des milliers d’Haïtiens fuient le pays dans des conditions très précaires.

1994 : les Etats-Unis interviennent en Haïti en septembre avec l’accord de l’O.N.U. et rétablissent Aristide au pouvoir le 15 octobre.
1995 : René Préval (un proche d’Aristide) est élu à la présidence en décembre.

2001 : Aristide est réélu après des élections boycottées par l’opposition et entachées d’irrégularités, et les élections législatives sont annulées. La communauté internationale et les institutions internationales décident de sanctions contre le pays. Le journaliste Jean Dominique est assassiné et les exactions contre la presse et l’opposition sont nombreuses.

2004 : Les élections présidentielles de 1990 avaient porté au pouvoir Jean-Bertrand Aristide et avaient soulevé un immense espoir. Mais sous son second mandat (depuis 2000), les errements ont conduit le pays à être à nouveau mis au ban de la communauté internationale. La population haïtienne est encore une fois la grande perdante, dans l’indifférence de ses élites et de la communauté internationale.
L’année 2004 sonnait le bicentenaire de l’indépendance et aurait du sceller l’union nationale. Mais face aux dérives du pouvoir, les célébrations officielles ont été boycottées par la plupart des dirigeants internationaux, et la colère de la rue menée par les étudiants, les groupements de femmes et les membres de la société civile s’est faite de plus en plus grande. Ces opposants ont été rejoints par une alliance disparate de militaires, anciens partisans de Duvalier, anciens proches d’Aristide…
Le 29 avril 2004, Jean-Bertrand Aristide est contraint à la démission de la présidence haïtienne (sous une forte pression de la communauté internationale) puis à l’exil pour l’Afrique du Sud. Une période de transition fragile s’ouvre, avec la présence d’une force internationale envoyée par l’ONU.

2006 : L e scrutin présidentiel de 2006 permet, à l’issue de neuf jours d’un dépouillement chaotique, de porter au poste suprême René Préval. Le pays se trouve dans une situation de calme précaire.

2008 : Michèle Duvivier Pierre-Louis, ancienne directrice de la FOKAL est nommée Premier ministre. Après de longues semaines d’atermoiements, cette nomination est approuvée par le Parlement alors que le pays est durement touché par plusieurs catastrophes climatiques. Elle engage des actions concrètes à destination de la population.

2009 : Après moins de 14 mois à la tête du gouvernement haïtien, Michèle Duvivier – Pierre-Louis doit laisser son poste après une motion des parlementaires la mettant en minorité.

2010 : le 12 janvier un terrible tremblement de terre frappe le centre et le sud du pays. Port-au-Prince et de nombreuses villes sont durement touchées. Plus de 350.000 morts. Des milliers de blessés. Un pays exangue. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle élection présidentielle est organisée, tournant à la mascarade lors la sélection des candidats, puis pour la proclamation des résultats du 1er tour et du 2ème tour. C’est le chanteur Michel Martelly qui est porté à la présidence.

2016 : Jovenel Moïse est élu à la présidence dans un flou et des actions de violence lors du déroulement du scrutin. S’il a été élu avec 54% des voix, le taux de participation à cette élection était seulement de 21%. Le président a été élu en étant peu connu; supposé proche du président sortant Michel Martelly, il a construit son image comme étant un « agriculteur qui a réussi » (il dispose de plantations de bananes dans le Nord du pays, mais l’origine des fonds pour ses cultures sont source de polémique).